Thomas Habyalimana est chauffeur de taxi indépendant depuis 2005 et gérant de la srl DENACO. Fermement engagé en faveur de la défense des taxis depuis l’arrivée de Uber à Bruxelles-Capitale, il appelle aujourd’hui l’ensemble de la profession à s’unir et à se battre.
Comment avez-vous vécu l’arrivée de Uber à Bruxelles-Capitale ?
Uber a débarqué en véritable cowboy, sans foi ni loi. Par ses activités d’exploitation illégale de taxi (véhicules et chauffeurs non autorisés en nombre), Uber a bousculé un équilibre et poussé financièrement dans le gouffre les taxis bruxellois autorisés. La situation a provoqué des tensions entre chauffeurs de taxis autorisés et chauffeurs Uber. Les associations professionnelles de taxi ont appelé au respect de la loi en vigueur à plusieurs reprises par des courriers officiels, des manifestations ou des communications dans les médias. Cela n’a rien donné.
En quoi l’arrivée d’Uber a perturbé votre travail / votre entreprise au quotidien (horaires, rentabilité, typologie de clientèle, courses…) ?
Uber s’est attirée la clientèle habituelle des taxis autorisés en pratiquant des prix bas et irréalistes. C’est mathématique, l’arrivée massive du nombre de véhicules Uber a entraîné une baisse drastique de la recette pour les professionnels du taxi.
Dans quelle proportion votre chiffre d’affaires a-t-il été impacté par la présence d’Uber à Bruxelles Capitale ?
J’ai pu constater une diminution de l’ordre de 30%.
Comment cela a-t-il affecté votre motivation et votre envie de travailler comme exploitant de taxis ?
D’un côté, j’ai vécu cela comme déception à cause du laxisme de l’autorité face à une concurrence déloyale. De l’autre côté, à travers les actions d’associations professionnelles, cela m’a boosté, me donnant l’énergie nécessaire pour défendre les intérêts de la profession.
Vous êtes-vous senti soutenu de la part des autorités régionales ou fédérales ?
Au début de l’année 2014, la ministre en charge des taxis, Brigitte Growels, avait ouvertement condamné Uber pour ses activités illégalement opérées. Ses successeurs, Pascal Smet et Rudi Vervoort, ont de leur côté pratiquement déroulé le tapis rouge à Uber. On a bien assisté à quelques actions ponctuelles de police, mais les véhicules saisis ont vite été remis en circulation.
Avez-vous envisagé de changer de profession / d’activité professionnelle ?
Jamais ! Il faut se battre, car nous sommes dans notre bon droit !
Qu’attendez-vous de cette action collective à travers laquelle l’ensemble des exploitants de taxis de Bruxelles-Capitale demandent réparation à Uber ?
C’est une initiative opportune. L’union fait la force. C’est en étant unis que nous pourrons avoir l’espoir de compenser les pertes que nous avons subies.