En tant que secrétaire du Groupement national des entreprises de voiture de taxis (GTL – Taxi), Pierre Steenberghen est l’un des principaux témoins des dégâts causés par la présence d’Uber à Bruxelles-Capitale en 2014. Il plaide aujourd’hui pour « un retour à l’équilibre ».
Vous étiez aux premières loges lorsque Uber est arrivé à Bruxelles-Capitale…
Tout à fait. Il faut bien comprendre que les exploitants de taxis se trouvaient déjà dans une situation délicate à Bruxelles, en raison des tarifs particulièrement bas imposés par l’administration. Celle-ci a accepté de revoir sa copie en 2013 en réhaussant les tarifs. On percevait donc une amélioration en 2014. C’est dans ces conditions qu’Uber est arrivé sur le territoire. La plateforme a commencé à proposer aux clients des courses de taxi à moitié prix, dans l’illégalité la plus totale. Nous nous sommes battus pour faire reconnaître cette illégalité. Nous avons soutenu les procédures judiciaires contre Uber et organisé des manifestations pour rendre notre combat visible.
Vous parlez d’un « marasme », d’un « drame » pour les chauffeurs de taxis. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
La situation est dramatique parce que les chauffeurs de taxis ont payé des licences à un tarif très élevé, parfois supérieur à 100 000 euros. En quelques années, avec l’arrivée d’Uber notamment, le prix de ces licences s’est réduit à peau de chagrin. Autour de 2015, certains chauffeurs travaillaient tout en perdant de l’argent. Leurs recettes ne leur permettaient que de rembourser leur crédit. Je sais que certaines entreprises de taxis ont préféré laisser leurs véhicules au garage plutôt que de les faire rouler. Bien que la situation ait légèrement évolué et que le prix de la licence ait augmenté, la profession s’est globalement paupérisée. Les exploitants de taxis peinent aujourd’hui à gagner leur vie.
Comment percevez-vous cette action en réparation qui réunit l’ensemble des exploitants de taxis bruxellois ?
C’est une action qui va dans le bon sens, et j’invite tous les exploitants de taxis à y participer. C’est important pour la profession dans son ensemble et pour chaque exploitant à titre individuel. J’ai conscience que les frais de participation ne sont pas neutres (100 euros), mais cela en vaut la peine, car la présence d’Uber leur a réellement fait perdre de l’argent. Cette action est l’occasion de revenir à un certain équilibre et de redresser la tête. Il faut donc s’en saisir !